Notre Chetaibien est vraiment discret

mercredi 28 novembre 2007










Chetaibi Le concert de Kamel Labbaci

Au cours de cette Semaine, nous avons voulu proposer le parcours le plus diversifié et le plus complet possible pour que vous puissiez vous représenter ce qu’a été cette société multiculturelle. C’est pour cela que vous avez pu rencontrer des universitaires, des artistes ou des journalistes qui représentaient des domaines de compétences différents : littérature, philosophie, religions, histoire, mathématiques, médecine, musique, linguistique...
Lorsque le planning des activités a été mis en place, le hasard a voulu que nous placions en début de Semaine, deux moments consacrés à la musique : la conférence de Nidam Abdi et le concert de la formation de Kamel Labbaci. Nous avons alors trouvé qu’il était particulièrement bienvenu d’ouvrir la Semaine sur de la musique, trop souvent considérée comme un "passe-temps". Certes, notre lycée n’offre pas d’option musique mais il nous semblait important de signifier que : la musique est un langage universel qui peut réunir hommes et femmes d’origines, de conditions et de religions différentes ; la musique parle au coeur ; la musique est capable de transporter et submerger chacun d’entre nous ; les musiciens sont finalement les plus grands humanistes.
Pensons à l’initiative de Daniel Barenboim, ce grand chef d’orchestre juif d’origine argentine qui choisit en 2006 l’Alhambra de Grenade pour un nouveau concert de son Divan Orchestra, formation composée de jeunes artistes israéliens, palestiniens, libanais, syriens, égyptiens et jordaniens. Son projet élaboré en 1999 avec l’intellectuel palestinien Edward Saïd vise à démontrer que la musique a un pouvoir de réconciliation. Le concert de 2006 a été financé en grande partie par la Communauté Autonome d’Andalousie dans un souci de reconnaissance de l’apport juif et arabe au prestige culturel de l’Espagne médiévale.
Le lundi 26 mars était donc l’occasion de parler et d’écouter de la musique et plus particulièrement cette musique arabo-andalouse qui porte aussi en elle un projet qui a quelque chose à voir avec celui de Daniel Barenboim en ce sens qu’elle s’élève contre les haines ancestrales et qu’elle propose un message de vie et d’espoir. Mais cette musique n’est pas seulement une activité intellectuelle et philosophique, elle est capable de faire venir le duende, ce démon intérieur qui vous saisit, qui n’est pas dans la gorge mais qui monte en vous depuis la plante des pieds, pour paraphraser un guitariste du cante jondo (chant profond des gitans). Le duende est une force mystérieuse que l’on ressent mais que personne ne peut expliquer. Sans le duende, pas d’émotion. La voix peut être là, le style aussi mais pas d’émotion sans duende. C’est le duende que les musiciens peuvent et veulent faire venir pour que la communion entre artistes et public soit totale.
C’est ce duende que Kamel Labbaci et ses musiciens ont voulu faire venir à l’occasion des deux concerts du lundi 26 mars après-midi. Deux concerts enchaînés pour des raisons que nous avons déjà évoquées, devant deux publics différents car composés d’élèves de niveaux différents. Un premier concert joué devant des élèves plus "mûrs", des élèves de Premières et Terminales, notamment des élèves de la section théâtre, naturellement intéressés par la scène. Un second concert interprété devant des élèves plus jeunes, plus "spontanés", des élèves de Seconde qui pour beaucoup considéraient que "cette musique était celle de leurs grand-parents". Dans les deux cas, passés les premiers instants d’étonnement et de retenue, les deux publics ont accueilli avec enthousiasme chaque air proposé par les artistes. Kamel Labbaci a rappelé la complexité et la longueur des noubas (ces compositions musicales formées d’une suite de pièces vocales et instrumentales exécutées selon un ordre convenu) ainsi que le choix fait par la formation de présenter à ce public de non avertis de courts extraits de ces morceaux qui correspondaient à chaque heure de la journée et de la nuit. Choix de certains extraits, choix de la montée en puissance avec des airs de plus en plus entraînants pour faire vibrer de plus en plus la salle : et en effet, malgré leur timidité, les élèves ont accompagné les musiciens en frappant dans leurs mains et certaines jeunes filles se sont même levées en fin de concert pour danser avec des foulards.
La formation réunie par Kamel Labbaci, suite à l’invitation que nous lui avons lancée, est donc un tout jeune ensemble arabo-andalou dénommé Mezmoum (en référence à l’un des treize modes de la nouba). Cet orchestre a répondu à toutes nos attentes : d’abord de par la qualité de l’interprétation, ensuite parce que chaque musicien a gentiment pris le temps de présenter son instrument, de dialoguer avec le public et de fournir des explications simples et à la portée de chacun sur les origines des noubas, sur les différents ouds, sur les trois grandes écoles algériennes de musique arabo-andalouse - Alger, Constantine et Tlemcen -, sur les paroles des airs interprétés... Tous se sont exprimés et chacun a pu apprécier des personnalités diverses : les dons de pédagogue de Noureddine (oud andalou), la jovialité d’Abdelkrim (oud constantinois), la délicatesse de Sofia (mandoline), l’humour de Zouhir (derbouka), la discrétion de Nacer (tambourin), et bien sûr la sérénité de Kamel (violon). Nous tenons à les en remercier car tous les musiciens ne sont pas prêts à s’interrompre pour parler, chanter et parler étant deux activités très différentes.
Mezmoum est un ensemble arabo-andalou placé sous la direction de Kamel Labbaci (violon)...
Virtuose de la guitare, du violon, des flûtes, Kamel Labbaci a accompagné les plus grands noms de la variété, aujourd’hui il est le chef d’orchestre de la formation arabo-andalouse Mezmoum.
Né en 1962 en Algérie, Kamel, dés l’âge de 16 ans, adhère à diverses troupes locales spécialisées dans l’animation des fêtes en tant que flûtiste, se forgeant ainsi une expérience, un style et un mode d’interprétation propre au malouf (tradition arabo-andalouse de Constantine). En 1985, il s’installe en France. Son talent ne passe pas inaperçu. En tant que musicien éclectique, chef d’orchestre, il sait s’adapter au jeu de tous ses collègues musiciens et le changement de registre ne l’effraie guère. On le retrouve d’ailleurs avec les grands noms tels que Fergani, Véronique Sanson, Paco De Lucía, Maxime Leforestier, Enrico Macias. Kamel a donc fondé une nouvelle formation, Mezmoum, qui représente les trois styles différents de l’école arabo-andalouse d’Algérie : Constantine-Alger-Tlemcen.
Les musiciens qui sont intervenus à ses côtés sont :
Abdelkrim Zanat (oud constantinois) est un ancien élève du conservatoire d’Annaba. Son père était lui aussi un grand musicien et a été tout naturellement son maître et guide. Il se produit très souvent dans les associations qui oeuvrent pour perpétuer la tradition arabo-andalouse et dans les orchestres professionnels.
Noureddine Aliane, (Oud et chant) est né à Alger, au sein d’une famille dont l’entourage réservait une place de choix à la musique chaabi (la musique populaire d’Algérie) et andalouse (considérée comme la musique classique algérienne). Noureddine était indéniablement prédisposé à ce genre et patrimoine musical. Très jeune, il intègre des groupes chaabi et andalous à Bab El Oued, son quartier. Ensuite à 13 ans, il commence son apprentissage du solfège au conservatoire d’Alger, où il découvre avec quelques-uns de ses camarades l’amour pour la musique andalouse à travers la voix du sublime maître Dali. Depuis son installation à Paris, Noureddine multiplie les prestations avec la plupart des interprètes de la ça’naa (tradition arabo-andalouse d’Alger), du hawzi (tradition arabo-andalouse de Tlemcen) et du malouf (tradition arabo-andalouse de Constantine). Son talent ainsi que l’universalité de cette musique lui ont permis d’être sollicité par beaucoup d’organismes de spectacles et de festivals. Il joue du Oud et s’est produit dans des lieux prestigieux tels l’Olympia, le théâtre du Ranelagh, le théâtre des Champs-Elysées. Outre les villes françaises, il se produit également un peu partout dans le monde (Espagne, Portugal, Suisse, Allemagne, Hollande...).

Sofia Djemai (mandoline et chant) est née près de Paris, Sofia est issue d’une famille de musiciens. Son père Aziz Djemai, artiste peintre et musicien, dirige l’une des plus prestigieuses écoles de musique arabo-andalouse en France. Dès l’âge de 7 ans, cette mandoliniste apprend les bases de ce genre musical et se distingue très vite par ses aptitudes vocales et instrumentales. Elle joue de plusieurs instruments traditionnels, notamment du Oud , du banjo ainsi que de quelques percussions. La mandoline est son instrument de prédilection. Elle fait partie de l’école El Mawsili depuis sa création en 1990 et a comme professeur Farid Bensarsa , un maître dans ce patrimoine musical. Elle a participé à plusieurs enregistrements, festivals et concerts en France à l’Unesco, au Théâtre Gérard Philipe , à la Basilique de Saint-Denis, au centre culturel algérien et à Genève en Suisse. Elle participe durant l’année 2007 à un projet dénommé « Byzance » avec Claude Barthélemy et Josette Khalifa.

Zouhir Yahaoui (derbouka) est un ancien élève du conservatoire de Constantine qui a toujours eu selon ses professeurs, une réelle prédisposition pour la musique et une sensibilité toute particulière pour les instruments à percussion. Après des études d’aéronautique, il travaille les techniques de frappe avec des musiciens iraniens. Il se produit très souvent avec des interprètes du malouf tunisien.

Nacer Bousseboua (tambourin) est né à Constantine et se découvre très jeune une passion pour les percussions. Il apprend alors avec acharnement les rythmes du répertoire du malouf constantinois. Il se spécialise dans le jeu du tambourin avec une technique proche du zarb iranien (tambour calice en bois de mûrier ou de noyer). Installé en France depuis 17 ans, il accompagne les grands interprètes du répertoire arabo-andalou.
Nous souhaitons longue vie à Mezmoum, formation qui a vu le jour grâce à notre projet. Le lycée St Exupéry peut donc se considérer comme le parrain de cette nouvelle formation.

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