Chetaibi : Annaba : Un Port pour la pègre

samedi 29 novembre 2008


Chetaibi : Annaba : Un port pour la pègre

En présence de M. Mohamed Ghazi, wali d’Annaba, qui les a réunis lundi dernier, les armateurs, patrons de pêche, investisseurs et membres de la Chambre des métiers de la pêche ont brisé la loi de l’omerta.
Une loi qui était de mise depuis plus d’une vingtaine d’années au port de la Grenouillère, poste terrestre frontalier où, selon les participants à cette réunion, tout s’achète et se vend, y compris les femmes et les boissons alcoolisées, sauf le poisson et les produits de carénage.

Les dénonciations sont d’une extrême gravité, en ce sens qu’elles portent sur un aspect intéressant non seulement le socio-économique et le sanitaire, mais également l’intégrité territoriale de notre pays. «La sécurité au port de pêche d’Annaba est totalement inexistante. Les préposés à cette mission donnent l’impression de vivre dans un centre de repos.
Des personnes n’ayant rien à voir avec les métiers de la mer y commercent librement, vendant des produits interdits sans que nul intervienne.
Ils viennent en bateaux, organisent des orgies, tabassent quiconque ose s’opposer à leurs faits et gestes et repartent en toute impunité.
Nous avons, à maintes reprises, alerté les autorités portuaires, vainement», dira un armateur. Ses propos ont été repris par plusieurs de ses homologues et les élus de la Chambre des métiers de la pêche.
Lors de cette rencontre, les difficultés matérielles inscrites à l’ordre du jour, tels les équipements des embarcations, la réalisation d’un nouveau port de pêche (ceux de la Grenouillère et de Chetaïbi étant saturés), l’accostage, la pêche illicite… sont passées au second plan.
Les propos avancés sont l’expression d’un ras-le-bol difficilement contenu depuis des années.
Ce sont ceux-là même dont se sont fait l’écho, ces dernières années, différents titres de la presse locale et nationale.
En présence de représentants des autorités portuaires, police, gardes-côtes, douanes et gestionnaires des ports, les gens de la mer d’Annaba ont réitéré leur appel de détresse.
Ils l’ont fait, non seulement pour sauver ce qui peut l’être d’une activité de la pêche en déperdition, mais aussi par patriotisme. «Seul un miracle a fait qu’il n’y ait pas eu d’attentat dans notre wilaya ces dernières années.
Tous les trafics, y compris de drogue et de blanches, s’opèrent au vu et su de tout le monde au port de la Grenouillère, livré à la pègre et à la mafia locale, nationale et internationale», martèleront, tour à tour, les armateurs et patrons de pêche.
Dans cette infrastructure où récemment il y a eu mort d’hommes, les sabres, épées, couteaux de boucher, gourdins et autres armes prohibées ont remplacé les filets, les casiers et les pièces de carénage.
Les truands et les trafiquants font et imposent leur loi.
Sans peur ni reproche, les participants n’ont pas hésité à mettre en accusation les responsables des différents services de sécurité du port. «Il y a eu récemment mort d’homme sur le port.
Ils n’ont pas répondu à notre appel au secours, lancé bien avant que survienne le drame.
Ils ne l’ont également pas fait lorsque des sabres, des épées et des couteaux de boucher ont été tirés pour agresser les armateurs et les pêcheurs.
Toute cette situation a été portée à la connaissance de la police du port en vain», ont ajouté les présents.
Et, lorsque ces accusations sont lancées devant le principal responsable de la police maritime, celui des gardes-côtes, de la douane et de beaucoup d’autres décideurs, il y a lieu de s’inquiéter quant à la gestion de cette infrastructure, frontière terrestre avec le monde extérieur.
A la présence régulière, continuelle et perturbatrice d’une activité stratégique comme la pêche, s’ajoute la présence des bandes de délinquants et celle des trafiquants de tous genres.
Sur ce port et sous les yeux des services de sécurité, le trafic de drogue, armes, de blanches, de devises… est un quotidien que vivent les principaux animateurs du monde de la pêche.
Ils l’ont dit et répété.
Hier facteur incontournable de développement socioéconomique de toute la région, le port de la Grenouillère se meurt, faute de sécurité.
Plus aucun armateur ou opérateur économique n’ose s’y aventurer sous peine d’être agressé. Faute de contrôle par les gardescôtes, les rares zones poissonneuses, y compris celles du littoral annabi, sont systématiquement pillées.
La pollution des fonds marins s’est transformée en banalité, tant et si bien que les filets ne «pêchent» plus que des tas de ferraille et autres ordures, jetés par les bateaux en rade ou les chalutiers.
L’inexistence de stations de carburant, sleep-way, roulève, l’isolement prémédité et à dessein de l’Entreprise publique économique de construction et de réparation navale (Ecorep), la nécessité de démolir le mur de «Berlin», l’abandon total qui caractérise le port de Chetaïbi, l’équivalent de plus de quatre milliards d’équipements livrés aux intempéries sur le quai Babayou de la Grenouillère, sont d’autres problèmes soulevés lors de cette réunion.
Comme cela est devenu coutumier, le wali a aussitôt décidé de prendre les premières mesures. En attendant la réalisation d’un nouveau port de pêche, inscrit au programme du ministère compétent en la matière, le directeur de l’exécutif a décidé la démolition du mur de «Berlin», le renforcement des moyens de contrôle au poste de police, la descente de police 24 h sur 24 sur le port, la réalisation d’un abattoir à Zaouia (Chetaïbi) et de cases pour les pêcheurs, la réactivation des deux stations d’approvisionnement en carburants et lubrifiants des embarcations.
Les mêmes engagements avaient été pris par les prédécesseurs de l’actuel wali.
Ils n’ont pas été tenus à ce jour.
En sera-t-il autrement après cette rencontre ?
A. Djabali

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