Chetaibi : L'été approche !

mercredi 24 juin 2009


Chetaibi : Plages et forêts à Annaba
Incivisme et diktat des loueurs de parasols
De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
L’état actuel de la vingtaine de plages autorisées à la baignade et des sites qui les entourent n’est pas vraiment pour encourager le tourisme jadis florissant sur les côtes de La Coquette.
En effet, si la nature dans sa générosité a étalé sur des kilomètres ce sable fin et doré surplombé de forêts denses où l’on peut contempler le bleu infini de la Méditerranée, il faut dire que l’homme n’a rien fait pour préserver ces paysages féeriques qui séduisent chaque année des milliers de touristes.
Bien au contraire, il pollue, salit et détruit ces sites qui, à la longue, se transforment en dépotoirs et menacent sa propre santé.
Un petit tour à la plage «Alezan» renseigne sur cette agression qui a atteint tous les espaces et qui renvoie une image des plus dégradantes.
Entre les rochers, des sachets noirs pleins de détritus, des bouteilles en plastique, des cartons, des canettes de bière, des bouteilles de vin, des restes de toutes sortes de victuailles, des boîtes de conserves et des bouts de pain traînent un peu partout.
De gros rats se disputent cette pâture sous l’œil distrait des pêcheurs et des nuées de moustiques tournoient tout autour pour avoir leur part de ces tas d’ordures.
Un peu plus loin sur le sable des plages Fellah Rachid (ex-Saint Cloud) et Rizzi Amor (ex-Chapuis) si des commodités ont été installées, toilettes publiques, poubelles, douches, petites échoppes sur la promenade, la plage proprement dite regorge de saletés de toutes sortes que les jeunes recrutés dans le cadre de l’opération «Blanche Algérie» ramassent tous les jours.
Tessons de bouteilles, débris de verre, pots de yaourt, boîtes de thon ou de sardines et qui souvent blessent les baigneurs, sachets laissés sur place par les familles alors que des poubelles sont placées à quelques pas et que des écriteaux sont bien en vue tout le long de la plage. Sur la promenade, des dizaines de bouteilles en plastique jonchent le sol ; les baigneurs les remplissent d’eau de mer et les utilisent pour enlever le sable collé à leurs pieds avant de remettre leurs chaussures.
Ils les laissent sur place et repartent sans se soucier le moins du monde de ce qu’ils ont fait. Là aussi, les jeunes de «Blanche Algérie» interviennent pour nettoyer et ramasser ces déchets abandonnés.
Un manque de civisme qui a défiguré ces lieux où l’on est censé se détendre et profiter du soleil, de la mer et des paysages.
Un peu plus au nord, à la plage Aïn Achir, la situation n’est guère différente, des centaines de familles y affluent, y passent une journée mémorable en se baignant et en bronzant sous le soleil pour reprendre le soir les bus qui les ont amenés.
Derrière elles, à perte de vue, un champ «dévasté par la saleté», la plage est transformée en une sorte de décharge où l’on abandonne tout ce dont on n’a plus besoin.
Le lendemain, on y revient pour la salir et la polluer un peu plus et, inlassablement, des jeunes ramassent et nettoient.
Chaque jour, c’est la même chose avec un pic spécial au cours des week-ends où l’affluence dépasse toutes les prévisions. Les camions de la commune effectuent des rotations spéciales pour enlever toutes les ordures ramassées et nettoyer les lieux, une œuvre de Sisyphe en ces temps modernes qui, visiblement, ne le sont plus. Toutes les autres plages ou presque sont logées à la même enseigne, Toche, Belvédère, La Caroube, Chetaibi, Sable d’Or, Djenane El Bey, Seraidi ou Sidi Salem.
La plage transformée en soukLa qualité de l’eau, malgré le fait que l’on voit flotter, parfois, bien des objets douteux est, selon les autorités, bonne et ne représente aucun risque pour les baigneurs.
Des échantillons sont prélevés deux fois par semaine pour être analysés en laboratoire et les services de santé de la direction de wilaya ainsi que les agents de l’environnement sont mobilisés durant toute la période estivale.
«Si l’on découvre une anomalie quelconque après analyse des échantillons, on ne prend aucun risque, la plage est tout de suite interdite à la baignade, mais à ce jour aucun échantillon prélevé n’a révélé un quelconque danger», nous confie un laborantin de la DSP d’Annaba.
Cependant, il y a de cela 2 ans, une épidémie de conjonctivite avait fait des ravages à Annaba à cause, justement, de la mauvaise qualité de l’eau, ce qui a décuplé les dépenses de santé et coûté des milliards qui auraient pu être utilisés ailleurs.
La prévention reste la meilleure des armes face à ce type d’épidémies et les analyses sont le meilleur moyen de s’en prémunir. Sur presque toutes les plages, des nuées de vendeurs «butinent» de tente en tente, de parasol en parasol pour proposer aux estivants des marchandises et des aliments qui ne répondent aucunement aux règles de l’hygiène alimentaire. Sandwiches frites- omelette qui ont dû passer des heures au soleil, cornets skis au goût douteux, café et thé de très mauvaise qualité, appareils photo jetables, bouées et autres gilets sont vendus sur la plage à des prix qui dépassent de loin ceux pratiqués en ville.
Ici, il n’y a aucun contrôle, aucune réclamation, on vend, on empoche l’argent et on s’en va. Les loueurs de parasols, de tentes, de maillots et autres articles de plage occupent les meilleures places pour obliger les estivants à les louer.
Ces derniers, contraints à cette situation, se plient à la volonté de ces jeunes qui, normalement, n’ont aucun droit, mais qui profitent pourtant de l’absence totale des agents de l’Etat pour imposer leur diktat.
Les forêts, l’autre espace de détente en cette saison estivale, ne sont pas très fréquentées et sont restées plus ou moins propres malgré quelques «impuretés» qu’on y trouve. Il faut dire que les familles n’y vont pas de peur d’être agressées ou dépouillées de leurs biens et préfèrent aller là où il y a beaucoup de gens, la mer étant l’endroit idéal.
Les seuls espaces boisés fréquentés sont ceux à proximité de la route.
On y voit pique-niquer des familles , des enfants en train de jouer près des parents assis ou étendus sur l’herbe. Juste en face de la plage de Aïn Achir, un petit coin en plein milieu de la forêt y a été aménagé, juste en face d’un cantonnement de la Gendarmerie nationale.
Des tables et des chaises en béton sont installées sous les arbres, des poubelles sont posées à proximité et une petite fontaine y a été construite.
Les familles y viennent souvent pour déjeuner ou en fin d’après-midi pour prendre des boissons, on y reste peu de temps puis on s’en va.
Certains ramassent les restes et les déposent dans les poubelles, d’autres les laissent sur place et repartent sans trop se soucier de l’environnement.
L’incivisme, cet ennemi de l’environnement
L’incivisme, le peu de cas qu’on fait de l’environnement, la destruction par ignorance ou par négligence de ces sites, de ces paysages où l’on vient pour se détendre et faire une pause pour oublier les tracas de la vie quotidienne avec ses tumultes et ses bruits finiront par faire disparaître à jamais ces lieux.
A quand des émissions télé sur le civisme ?

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