Chetaïbi a besoin d’opérer sa mue

mardi 26 juin 2012


Chetaïbi a besoin d’opérer sa mue

Par : Badis B.
En attendant sa grande toilette, l’antique Takouch offre aux habitants et aux visiteurs un paysage indigne de sa réputation.

Début raté d’une saison estivale qui s’annonçait catastrophique pour le village paradisiaque de Chetaïbi (Annaba), l’un des plus beaux villages d’Algérie, fruit de l’une des plus belles baies au monde. L’une des raisons majeures de ce gâchis : l’insalubrité. 
Tout simplement, aujourd’hui, l’insalubrité règne à Chetaïbi. La situation de l’hygiène du milieu est, ainsi, déplorable. Certains élus sont les premiers à le reconnaître. 
En effet, en ce début de saison estivale, l'hygiène du milieu fait malheureusement grandement défaut à Chetaïbi, au grand désarroi des premiers estivants et de la population, qui ne trouvent aucune explication à cette situation. Cela concerne, pratiquement, toutes les plages ouvertes à la baignade, surtout au niveau de celle de la ville. 
Elles sont dans un état, le moins que l'on puisse dire, d’insalubrité totale. Le constat est amer : avilissant, jonchées de toutes sortes de détritus (débris de verre, tessons de bouteilles, boîtes de conserve en plastique, troncs d’arbres). 
En réalité, l’impression du laisser-aller et de l’abandon se dégage dès que le visiteur accède au village, qui se trouve bel et bien dans un état hideux et désolant à la fois, avec des tas d’ordures jetées dans tous les coins. 
Une semaine après l’ouverture de la saison estivale, on ne peut parler de salubrité ni de conditions acceptables d’accueil des vacanciers. L’ex-Herbillon de l’époque coloniale n’est rien moins qu’un cloaque où s’entremêlent les détritus de tout genre, agrémentés par les tessons de bouteilles d’alcool, qui jonchent les plages, témoignant ainsi de “soirées de beuverie”. Les baigneurs rencontrés s'interrogent sur l'absence totale des autorités de la ville où l'on signale également des bagarres rangées entre des groupes d'individus du côté des pavés du port.
Mieux encore, cette infrastructure portuaire   qui était, il n'y a pas si longtemps, le temple des touristes durant les soirées d'été est aujourd'hui aux mains des toxicomanes qui règnent en véritables caïds. Les habitants interrogés sur la situation peu reluisante que vit le village pointent un doigt accusateur en direction des autorités et élus, selon eux, “totalement déconnectés et surtout obsédés par le foncier”. 
Un jeune chômeur du village a tenu à dénoncer le manque d'intérêt dans ce domaine affiché par les pouvoirs publics. “Au moment où d’autres régions développent un nouvel esprit pour attirer le maximum de touristes, à l'image de nos voisins de la Marsa, ce n'est pas le cas malheureusement pour Chetaïbi, qui est totalement en déphasage dans ce domaine”, a-t-il dit. D'autres soulèvent le manque d'investissements conséquents susceptibles de sortir leur village de l'anonymat. Ils affirment qu'en matière de tourisme, Chetaïbi est en chute libre. Le manque d'infrastructures (hôtels et restaurants) se fait énormément sentir. 
Les touristes n’ont à leur disposition, en fait, que les locations d’appartements, hors d’atteinte d’ailleurs pour beaucoup d’entre deux. Ce déficit est l'une des raisons d'ailleurs qui poussent les vacanciers  à aller voir ailleurs, selon les villageois, qui indiquent que le nombre de touristes est chaque année revu à la baisse sans que les concernés et responsables du secteur osent tirer les conclusions pour freiner cette décadence. 
En attendant sa grande toilette dont elle a grandement besoin, l’antique Takouch, offre aux habitants et aux visiteurs un paysage indigne de sa réputation. 
Vue de l’extérieur, la commune de Chetaïbi, avec sa merveilleuse baie, est un petit Eden. Vue de l’intérieur, elle incite à tirer la sonnette d’alarme. Chetaïbi mérite un meilleur sort… et de meilleurs gouverneurs.

B. B

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